Les dissidences d'Ovide

Publié le par sylvie.laigneau-fontaine

LES DISSIDENCES DU POETE

 

 

 

(Nous empruntons cette expression à un ouvrage de J.-P. Néraudau paru en 1996, Ovide ou les dissidences d'un poète, consacré aux Fastes).

 

 

Défense et illustration de l'adultère

 

L'empereur, on l'a vu, avait promulgué dès 18 av. J.-C. un cor­pus  législatif (Leges Iuliae de adulteriis corcendis  et de maritandis ordinibus, c'est-à-dire "sur la ré­pression de l'adultère" et "sur le mariage des ordres") destiné à encourager le mariage et la natalité, et à lutter contre l'adultère. Lorsqu'Ovide publie les Amours  en 4 av. J.-C. puis l'Art d'aimer, vers 1 av./ 1 ap., la législation augustéenne est donc bien connue, l'empereur a eu le temps de la tester, et de s'apercevoir qu'elle était si peu effi­cace qu'il dut, quelques années plus tard, la renforcer (Lex Pappia Poppaea  proposée en 9 ap. par les consuls suffects, sur l'initiative d'Auguste lui-même). Or, il est indéniable qu'Ovide prend à plusieurs reprises fait et cause contre cette législation.

 

Tout d'abord, il va de soi que bien des passages des Amours et de l'Art d'aimer peuvent être lus comme une "défense et illustration de l'adultère". "Corinne" est à plusieurs reprises présentée comme une femme mariée, qui trompe son époux avec le poète. Que l'on en prenne pour exemple la fameuse élégie I,4, dans laquelle il multiplie les conseils pour apprendre à sa maîtresse à tromper la surveillance de son mari pendant un banquet : il s'agit de se jouer de lui par divers signes et mimiques répondant à un code connu des seuls amants (v.15-28, et notamment v.18: excipe furtiuas et refer ipsa notas : "épie mes signes discrets, et réponds-y de même"), de s'arranger pour boire à la même coupe  sous les yeux du mari (v.31-34), et surtout de rendre le malheureux ivre mort (v.53 : Si bene compositus somno uinoque iacebit) afin d'avoir la possibilité de "mener jusqu'au bout le doux travail de la volupté" (v.47-48 : ...properata uoluptas / Veste sub iniecta dulce peregit opus). A ces conseils s'entrelacent les plaintes du poète, qui redoute que le mari n'use de ses prérogatives au cours du même banquet :

 

Nec premat indignis sinito tua colla lacertis

Mite nec in rigido pectore pone caput,

Nec sinus admittat digitos habilesue papillae.

 

"Ne permets pas qu'il enserre tes épaules de ses bras indignes, ne mets pas ta jolie tête sur sa poitrine dure, et ne supporte pas que ses doigts se posent sur ta poitrine et tes seins si faits pour les caresses [habilis signifie au sens propre "commode à manier, à te­nir", le sens est évidemment érotique ici]" (v.35-37).

 

A la fin de la pièce s'ajoutent aux craintes les plaintes, puisque la fin du banquet conduit inéluctablement  Corinne à rentrer avec son époux, dans une demeure d'où le poète est exclu et où, peut-être, la jeune femme accordera au rival des privautés indues :

 

Me miserum ! monui, paucas quod prosit  in horas ;

Separor a domina nocte iubente mea.

Nocte uir includet (...)

Oscula iam sumet, iam non tantum oscula sumet ;

Quod mihi das furtim, iure coacta dabis.

 

"Pauvre de moi ! Tous mes conseils ne sont destinés à servir que peu de temps ; voici que, sur l'ordre de la nuit, je suis séparé de ma maîtresse. La nuit, son mari va l'en­fermer (...) Bientôt, il va lui prendre des baisers, bientôt, il va lui prendre plus que des baisers ; et ce que tu me donnes en cachette, tu seras contrainte par la loi de le lui donner" (v.59-64)

 

Ovide reprend ici un topos  littéraire déjà développé par Tibulle : dans l'élégie I,4, l'amant de Délie (qui jouait en quelque sorte le rôle de l'arroseur arrosé) se reprochait d'avoir trop bien montré à la jeune femme comment tromper son époux...car elle se ser­vait de ses leçons pour le tromper lui-même. Bien des conseils donnés par Ovide à Co­rinne sont repris de Tibulle (on comparera avec profit les deux textes), mais le sens de l'élégie est très différent : il n'y a plus nul regret chez notre poète, et toute notation consa­crée à la rouerie féminine a disparu. Et la sympathie du lecteur va au couple adultère qu'un mari (on ne peut l'imaginer que grossier et lourdaud) empêche de s'aimer libre­ment. Le contenu de la pièce est donc en lui-même provocant au regard de la légis­lation augustéenne, mais Ovide va plus loin encore. Une des caractéristiques de cette élé­gie est en effet la forte coloration juridique de son vocabulaire : l'impératif futur (iubeto, v.29, ne sinito, v.35), la tournure ne uelis  + infinitif parfait (v.38 : (Nec) oscula praeci­pue nulla dedisse uelis) sont typiques des formules juridiques, tandis que le terme ma­nifestus  (v.39 : Oscula si dederis, fiam manifestus amator : "si tu lui donnes des bai­sers, je me déclarerai ouvertement ton amant") est un terme technique, que l'on trouve par exemple chez Gaius (Inst., III,183-184) avec le sens de "pris sur le fait" ; enfin, l'ex­pression ma­num inicere (v.40 : Et dicam "mea sunt" iniciamque manum : "et je dirai “ces baisers sont à moi” et j'en revendiquerai la propriété") est elle aussi une expression tech­nique juri­dique, qui désigne le geste par lequel on met la main sur quelqu'un sur qui on estime avoir des droits quand on veut le traîner en justice... Quel est donc le rôle de ces for­mules, trop nombreuses et trop précises pour être fortuites ? Il nous semble tout-à-fait clair qu'Ovide se moque d'Auguste : à un moment où l'empereur vient de légiférer à pro­pos de l'adultère, dont il fait un crimen (délit public), il n'est certainement pas innocent qu'Ovide applique le vocabulaire de la loi, du droit et de la propriété au couple illégitime dont le Princeps veut débarrasser Rome au nom de sa tentative de remoralisation de la société...

 

Dans l'Art d'aimer, c'est à la mythologie qu'incombe le rôle de défendre l'adultère. Au livre I, cherchant à prouver que toute femme peut être séduite parce que la libido féminine est plus impérieuse que celle des hommes, Ovide dresse un long cata­logue des héroïnes mythologiques conduites par leur sensualité à un amour monstrueux. Parmi elles, une place de choix (v.289-325) est accordée à Pasiphaé, la reine de Crète, femme de Minos, éprise d'un taureau duquel elle engendra le Minotaure. Ovide insiste sur le caractère contre-nature de cette liaison et ajoute, en s'adressant directement à Pasi­phaé :

 

Siue placet  Minos, nullus quaeratur adulter ;

Siue uirum mauis fallere, falle uiro.

 

"Si Minos te plaît, ne cherche pas d'amant ; mais si tu veux tromper ton mari, trompe-le avec un homme" (v.309-310).

 

Ce distique paraît bien anodin, mais dans sa simplicité même, il contribue à absoudre les relations adultérines de tout blâme moral, pourvu que le partenaire soit un homme... ce qui est tout de même le plus souvent le cas ! Ovide fait montre là d'une désinvolture par­faitement calculée, et propre à ridiculiser la législation en place.

 

Dans le même ordre d'idée, le traitement qu'Ovide fait du personnage d'Hélène de Troie est fort connu. Les vers 359 et suiv. du livre II de l'Art d'aimer  font retomber l'entière responsabilité de l'adultère sur Ménélas, dont l'absence trop longtemps prolongée est présentée comme un véritable encouragement à la débauche. Le roi de Sparte y apparaît comme un sot (v.361 : Quid stupor hic, Menelae, fuit ?), un insensé (v.363 : furiose), qui n'a pas mesuré les conséquences de ses actes, Hélène comme une pauvre jeune femme redoutant de coucher seule dans son lit (v.370 : Et timet in uacuo sola cubare toro), et Pâris comme un opportuniste dont chacun aurait partagé la conduite...y compris Ménélas lui-même (v.366 : Quod tu, quod faceret quilibet, ille facit). Ovide renverse les notions de faute et de culpabilité : il y a bien un coupable dans cette affaire, mais c'est Ménélas lui-même, et Pâris et Hélène sont en fin de compte les victimes de son impré­voyance :

 

Nil Helene peccat ; (...)

Cogis adulterium dando tempusque locumque.

Quid nisi consilio est usa puella tuo ? (...)

Viderit Atrides. Helenen ego crimine soluo ;

Vsa est humani commoditate uiri.

 

"Hélène n'est coupable de rien ; (...) Tu les forces à l'adultère en leur offrant le lieu et l'occasion. Qu'a fait ta femme sinon suivre ton conseil ? (...) Le fils d'Atrée peut bien penser ce qu'il veut. Moi, j'absous Hélène de tout crime ; elle n'a fait qu'user de l'ama­bilité de son bien accomodant mari !" (v.365 ; 367-368 ; 371-372)

 

Le retournement de la situation est total : c'est à Ménélas que sont faits des reproches, et c'est lui qui semble avoir tramé l'adultère de sa propre femme, laquelle apparaît pure comme la colombe ou l'agneau auxquels elle a d'ailleurs été, dans les vers précédents, implicitement comparée (v.363-364 : Accipitri timidas credis, furiose, columbas / Plenum montano credis ouile lupo : "tu confies, insensé, à un vautour les timides colombes, et à un loup, sur la montagne, tout un troupeau de moutons")...

 

La défense de l'adultère, et donc le camouflet envers Auguste, sont pires encore dans l'épisode de Mars, Vénus et Vulcain. Dans les vers 561 et suiv. du livre II de l'Art  d'aimer,  Ovide reprend l'histoire narrée par Homère au livre VIII de l'Odyssée : Vulcain, époux de Vénus, a appris par le Soleil que sa femme le trompait avec Mars ; il place au-dessus du lit des amants un filet, qui s'abat sur eux au moment crucial ; Vulcain convoque alors tous les dieux pour leur faire blâmer la conduite de sa femme. Voici comment le poète grec décrit la réaction des dieux :

 

"Du groupe des Bienheureux, il montait un rire inextin­guible : ah, la belle œuvre d'art de l'habile Héphaïstos [=Vulcain en grec] ! (...) Le chœur : “Le bonheur ne suit pas la mauvaise conduite...Il va falloir payer le prix de l'adultère”" (...) Apollon : “Hermès (...) je crois que, volontiers, tu te laisserais prendre sous de pesants réseaux, pour dormir en ce lit de l'Aphrodite d'or” (...) Hermès : “Qu'on me charge, Apollon, et trois fois plus encore, de chaînes infinies et venez tous me voir, vous tous dieux et déesses ; mais que je dorme aux bras de l'Aphrodite d'or !”"

 

Et voici la retractatio à laquelle se livre notre poète :

 

Non uultus texisse suos, non denique possunt

Partibus obscenis opposuisse manus.

Hic aliquis ridens : "In me, fortissime Mauors,

Si tibi sunt oneri, uincula transfer" ait.

Vix precibus, Neptune, tuis captiua resoluit

Corpora.

 

"[Les amants] ne peuvent cacher leur visage ni mettre leurs mains sur les parties qu'on ne doit pas laisser voir. L'un des dieux dit en riant : "Si ces chaînes te sont trop lourdes, ô très courageux Mars, passe-les moi !" C'est à peine si tu as pu, par tes prières, Neptune, parvenir à faire libérer leurs corps" (v.583-588)

 

Ovide suit bien, globalement, le déroulement de la scène tel qu'il se présente chez son prédécesseur, mais il opère néanmoins des choix significatifs : ainsi, s'il garde la réaction amusée d'Hermès, il ne le nomme pas, suggérant par là que cette façon de réagir n'est pas propre à un dieu, mais est une attitude qui pourrait être commune à tous. Il supprime en revanche les paroles du chœur des dieux concernant la punition normale de l'adultère. Et surtout, il y a chez lui une insistance qui nous paraît capitale sur les corps dévoilés des amants (partibus obscenis, corpora souligné par le rejet), et sur le fait qu'ils n'en sont plus maîtres (voir l'anaphore de non dans le vers 583) ; or, on a bien montré que le corps, pour les Romains, devait être habillé, lavé, maîtrisé. Autrement dit, c'est la ruse infâme de Vulcain qui a contraint Vénus et Mars à manquer de la pudeur propre à l'homme civilisé. C'est dire qu'une fois encore chez Ovide, c'est le mari trompé qui est blâmé. C'est en ce sens qu'il faut comprendre deux distiques opposés, qui décrivent l'attitude des amants avant et après la réussite du piège de Vulcain :

 

Sed bene concubitus primo celare solebant ;

Plena uerecundi culpa pudoris erat.

 

"Au début, ils avaient coutume de bien cacher leurs rendez-vous galants ; leur pas­sion coupable était pleine de réserve pudique" (v.571-572)

 

Hoc tibi perfecto, Vulcane, quod ante tegebant,

Liberius faciunt, et pudor omnis abest.

 

"Tu as fait du beau travail, Vulcain, ce qu'ils cachaient, ils le font à présent plus li­brement, et en ont banni toute pudeur" (v.589-590).

 

Voilà une relecture de l'épisode pour le moins originale, et ne doutons pas que de voir qualifier un adulterium par les termes de pudor et de uerecundia devait beaucoup plaire à Auguste !

 

De la complaisance de l'époux

 

Ce que critique Ovide dans l'épisode de Vulcain, c'est donc la folie de l'époux qui, non content d'avoir été mis au courant de l'adultère commis par sa femme, a tenu à lui montrer qu'il savait et à partager avec tous les autres dieux son infortune. L'exemplum mythologique avait été appelé, on s'en souvient, afin de convaincre les disciples de la né­cessité de supporter un éventuel rival  (v.539-540 : Riualem patienter habe). Et le poète de conclure le passage sur un ultime conseil :

 

......nec uos

Excipite arcana uerba notata manu.

Ista uiri captent, si iam captanda putabunt,

Quos faciet iustos ignis et unda uiros.

 

"N'interceptez pas les lettres secrètes qu'elle a écrites. Qu'ils les interceptent (si du moins ils jugent devoir le faire) ceux dont l'eau et le feu feront des maris légitimes [allusion à la coutume romaine selon laquelle la jeune épousée, en entrant dans la demeure de son nouvel époux, se voyait présenter l'eau et le feu, symboles qu'elle devenait la maîtresse de maison]" (v.595-598).

 

Ces vers ressemblent à une nouvelle précaution oratoire d'Ovide, qui paraît affirmer ne parler que des couples illégitimes (mais alors, en quoi l'épisode de Vulcain et Vénus est-il signifiant ?), et reconnaître que les couples réguliers doivent avoir un autre mode de fonctionnement. Mais la proposition conditionnelle en incise vient détruire cette précau­tion : "si du moins ils jugent devoir le faire", c'est évidemment manière pour Ovide de se désolidariser de tels époux, jugés sans qu'il soit besoin de le préciser rétrogrades et inca­pables de rien comprendre aux nouvelles règles du jeu de l'amour qu'il propose.

 

Dans l'élégie III,14 des Amours, dans un registre un peu différent, le poète-amoureux mettait déjà ces conseils en pratique. Il se présentait dans le rôle de l'amant trompé, mais la seule chose qu'il reprochait à son amie était de ne pas assez dis­simuler ses fautes :

 

Non ego ne pecces, cum sis formosa, recuso,

Sed ne sit misero scire necesse mihi,

Nec te nostra iubet fieri censura pudicam,

Sed tamen, ut temptes dissimulare, rogat.

 

"Que tu me sois infidèle, puisque tu es belle, je ne le refuse pas, mais je ne veux pas être obligé, pour mon malheur, de le savoir. Je n'exige pas, comme un censeur, que tu sois chaste, mais je te demande de chercher à me cacher tes fautes" (v.1-4).

 

Ovide reprend ici une idée qui vient de Catulle, mais la formulation en est beaucoup plus insolente. Car le vers 3 est à notre avis incontestablement rappelé par le vers II,387 de l'Art d'aimer ; Ovide y apprend aux jeunes gens qu'il faut s'arranger pour que ses infidélités demeurent ignorées de sa parte­naire, mais les rassure en affirmant :

 

Nec mea uos uni damnat censura puellae.

 

"Ce n'est pas que, comme un censeur, je vous condamne à n'avoir qu'une amie".

 

La reprise de censura, à la même fonction et à la même place que précédemment, n'est sans doute pas fortuite : il y a d'une part provocation à user dans ce contexte de ce terme (les censeurs étaient précisément chargés de "noter" de la marque de l'infamie les femmes adultères) et d'autre part, par l'emploi de la même formule, établissement d'une totale égalité, en ce domaine, entre l'homme et la femme. Ce qui ne manquait pas d'être cho­quant puisque, on le sait, l'adultère était à Rome une notion qui ne concernait que la femme trompant son époux (ou l'homme ayant des relations avec une femme interdite).

Dans la suite de l'élégie III,14, Ovide va plus loin et se dit prêt à nier l'évidence :

 

Si tamen in media deprensa tenebere culpa,

Et fuerint oculis probra uidenda meis,

Quae bene uisa mihi fuerint, bene uisa negato ;

Concedent uerbis lumina nostra tuis.

 

"Mais s'il advient que je te prenne sur le fait, et que je doive voir de mes yeux ta conduite honteuse, alors ce que j'aurai bien vu, nie que je l'aie bien vu, et mes yeux le concèderont à tes paroles" (v.43-46).

 

De telles paroles paraissent maintenant relativement anodines ; mais il faut se souvenir qu'aux termes de la législation augustéenne, le mari qui, sachant sa femme coupable, ne l'aurait pas répudiée, pouvait tomber sous le coup d'une accusation de lenocinium (proxénétisme). Bien entendu, les liens qui, dans les Amours, unissent le poète-amou­reux et la puella ne sont jamais décrits comme ceux du mariage. Néanmoins, il est peut-être significatif que l'élégie III,13 soit la seule de tout le recueil dans laquelle il est ques­tion de la "femme" (coniunx, v.1) du poète ; après cette mention, il est clair que le tu  de III,14 peut prendre une connotation différente, ambiguë à tout le moins. Dès lors, comme l'a bien vu W. Stroh, il n'est pas vain de rapprocher ces vers d'Ovide et un passage des Leges Iuliae, dans lequel il est dit qu'est coupable de lenoci­nium celui qui "sachant sa femme coupable de manière à ne pouvoir feindre l'ignorance, ne l'a pas répudiée" (Cod. Iust., 9,9,17).

 

Mais notre poète est plus explicite en III,4. Nous avons dit plus haut que, dans cet éloge de la fidélité librement consentie, Ovide s'adressait à un mari qui faisait surveil­ler sa femme par un custos. Après avoir diversement montré la stupidité de cette conduite, il donne, à la fin de la pièce, un ultime conseil :

 

.....nec rigidi iura tuere uiri

Et cole, quos dederit (multos dabit) uxor, amicos.

Gratia sic minimo magna labore uenit ;

Sic poteris iuuenum conuiuia semper inire

Et, quae non dederis, multa uidere domi.

 

"Ne vas pas faire usage des droits rigides que te donne ton statut de mari. Fré­quente plutôt les amis que t'aura donnés ta femme (et elle t'en donnera beaucoup !). C'est ainsi qu'on obtient de la gratitude sans avoir à se donner beauoup de mal. C'est ainsi que tu seras toujours invité aux banquets de la jeunesse, et que tu verras ta maison remplie de cadeaux que tu n'auras pas faits toi-même" (v.44-48, fin de la pièce).

 

En eux-mêmes, ces vers amusent par leur opportunisme immoral. Mais leur réso­nance est plus intense encore quand on les compare à un autre passage des Leges Iuliae que nous a conservé le Digeste . Au moment où il est question du mari qui n'a pas répudié son épouse adultère, la loi précise que "doit être châtié celui qui a tiré bénéfice d'un adul­tère patent (...) Doit être reconnu avoir tiré un bénéfice de l'adultère de son épouse celui qui a reçu quelque chose pour supporter que son épouse commette l'adultère" (Dig., 48,5,30). Autrement dit, les conseils d'Ovide sont en contradiction flagrante avec les dis­positions de la loi, lesquelles étaient, en 4 av. J.-C., suffisamment connues de tous pour que cette contradiction ne soit pas due au hasard...

 

Des tracas du mariage

 

Si un volet de la législation augustéenne était destiné à combattre l'adultère, un autre volet, tout aussi important dans l'esprit de l'empereur, visait à encourager les Ro­mains à se marier et à faire des enfants. Or, en un passage de l'Art d'aimer, Ovide prend soin de souligner longuement les ennuis liés de façon presque constitutive à l'état de mariage : il évoque les discussions qui s'élèvent continûment entre le mari et la femme, à tel point qu'ils semblent perpétuellement en procès l'un contre l'autre, en particulier au sujet de la dot de l'épouse (A.A., II, 153-155). A vrai dire, il ne fait que re­prendre là un lieu commun de la pensée romaine, très misogyne, que Plaute avant lui avait développé dans bon nombre de ses comédies. Plus intéressant est le fait qu'Ovide oppose au couple légitime le couple illégitime de l'amant et de la maîtresse, entre qui il ne doit y avoir que "douces paroles" (dulcibus uerbis, v.152) et "mots qui charment l'oreille" (auremque iuuantia uerba, v.159), et explique :

 

Non legis iussu lectum uenistis in unum ;

Fungitur in uobis munere legis Amor.

 

"Ce n'est pas sur un ordre de la loi que vous partagez le même lit ; ce qui fait office de loi dans votre cas, c'est l'amour" (v.157-158).

 

Il est clair que l'expression legis iussu fait référence à une législation qui oblige, sous peine de diverses sanctions, hommes et femmes à contracter une union légale. Ce que semble sous entendre notre poète, c'est bien que le volet "mariage" des Leges Iuliae  en­traîne irrémédiablement à contrevenir au volet "adultère" des mêmes lois !

 

L'avortement de Corinne

 

Quant aux dispositions de la loi visant à accroître la natalité des Ro­mains, il est probable qu'Ovide s'en moque pareillement, quoique de manière plus cryptée. Deux des poèmes des Amours, (II,13 et 14) évoquent l'avortement de Co­rinne, qui a failli coûter la vie à la jeune femme. Disons tout d'abord que l'avortement était autorisé à Rome, à cette réserve près qu'il fallait impérativement que le mari y consente (avorter sans l'accord du père putatif de l'enfant à naître revenait à priver une gens d'un héritier, et cela était passible de sanctions) ; par ailleurs, tombait sous le coup de la loi contre l'empoisonnement la personne qui avait procuré une drogue abortive, si celle-ci avait entraîné le décès de la patiente. Néanmoins, il est clair que l'empereur, tra­vaillant au repeuplement de la nation romaine, n'encourageait pas ces pratiques. Dans les pièces II,13 et II,14, notre poète semble afficher, l'expression est de J.-M. André, "de bons sentiments à l'égard de l'avortement et de la natalité". En effet, il blâme la jeune femme d'avoir tenté "d'expulser le tendre fruit qu'elle portait" (II,14,5: teneros conuellere fetus) et dresse, dans les vers 13 à 18, un catalogue des héros qui ne seraient pas nés si leur mère avait agi comme Corinne : Achille, Romulus qualifié de "fondateur de la Ville maîtresse de l'univers" (dominae conditor Vrbis, v.16), ou Enée, dont la disparition pré­maturée "aurait rendu la terre orpheline des Césars" (Caesaribus tellus orba futura fuit, v.18). Voilà un discours, pense-t-on de prime abord, que le Princeps devait entendre d'une oreille beaucoup plus sereine...

Pourtant, W. Stroh a dégagé, de la pièce II,13, un élément étonnant qu'il ana­lyse avec beaucoup de finesse. Cette élégie est centrée sur le danger dans lequel se trouve Corinne, et son amant supplie les divinités de se montrer clémentes envers elle, et de lui accorder la vie sauve. Il invoque ainsi Isis, ce qui est assez naturel puisque la déesse était traditionnellement reconnue comme salvatrice ; mais il invoque aussi, ce qui est beaucoup plus surprenant, la déesse Ilithye en ces termes :

 

Tuque laborantes utero miserata puellas

Quarum tarda latens corpora tendit onus,

Lenis ades precibusque meis faue, Ilithyia !

 

"Toi qui prends en pitié les femmes au ventre douloureux, les femmes au ventre distendu par le fardeau qui y est caché, montre-toi favorable, et écoute avec bienveillance mes prières, ô Ilithye !" (v.19-21).

 

Bien des commentateurs ont été frappés par l'espèce d'incohérence qu'il y a à demander, pour sauver une femme qui a tenté d'avorter, l'aide de la déesse dont la fonction habi­tuelle (et explicitement rappelée de surcroît) est d'aider les femmes en couches ! W. Stroh voit là une marque de provocation envers l'empereur. Celui-ci en effet, lors des Jeux Sé­culaires de 17, avait sacrifié à la déesse Ilithye, et Horace, dans le Carmen Saeculare composé à cette occasion, où il chante la gloire d'Auguste, lui avait consacré trois strophes, dans lesquelles il était explicitement fait référence à la législation augustéenne (strophe 5 : "Déesse [=Ilithye], fais nous grandir une descendance, fais prospérer les dé­crets des Pères sur les femmes à lier au joug de l'hymen et sur la loi nuptiale, source fé­conde d'une génération nouvelle").  Cette strophe représente la première mention de la déesse dans un texte littéraire, et celle-ci est donc très liée au contexte du Carmen Saeculare, ainsi qu'Ovide ne pouvait manquer de le savoir. Qu'il choisisse de l'évoquer avec une visée aussi radicalement différente de celle de l'empereur et du chantre des Jeux Séculaires n'est donc nullement innocent, mais révèle son refus de participer au nouvel ordre romain qu'Auguste veut instaurer.

 

Auguste et Romulus

 

Nous voudrions pour finir évoquer ce qui est sans doute le pire camouflet qu'Ovide lança à la face d'Auguste, et qui se trouve dans l'élégie III,4 des Amours. Rap­pelons d'abord une scène, qui se trouve chez l'historien grec Dion Cassius. Celui-ci rap­porte que l'empereur, voyant les sénateurs bouder sa législation, s'emporta contre eux et déclara : "Songez-vous à la juste indignation que ressentirait Romulus, notre fondateur, s'il considérait les générations de son temps et leur naissance, et les vôtres, à vous qui re­fusez de donner le jour à des enfants issus d'unions légitimes ?" (Dion Cassius, 46,17,5). Auguste fait ici appel à un topos  habituel des moralistes romains : il évoque à la fois la remarquable pureté de mœurs des premiers Romains (pas d'enfants issus d'unions illégitimes chez eux), et leur extraordinaire patriotisme (qui les faisait procréer pour la gloire de la mère patrie). Et Romulus apparaît comme l'incarnation de ces valeurs romaines des premiers temps. Or, on trouve dans les Amours et l'Art d'aimer deux men­tions de Romulus, mais dans des contextes ô combien différents.

Dans l'Art d'aimer, lorsqu'Ovide dresse la liste des lieux où l'on peut faire d'agréables rencontres, il mentionne en bonne place les lieux de spectacle qui, affirme-t-il "portent préjudice à la chaste pudeur" (I,100 : Ille locus casti damna pudoris habet). Puis, afin d'expliquer pourquoi il en est ainsi, il raconte l'histoire de l'enlèvement des Sabines, en un long excursus à but étiologique (v.101-130), qui souligne volontairement la res­ponsabilité de Romulus :

 

Primos sollicitos fecisti, Romule, ludos,

Cum iuuit uiduos  rapta Sabina uiros.

 

"C'est toi le premier, Romulus, qui bouleversa les jeux, lorsque, pour le bonheur de tes hommes qui n'avaient pas de femmes, tu enlevas les Sabines" (v.101-102).

 

Ainsi, le fondateur de la nation romaine apparaît à un moment de son histoire où il fit peu de cas des liens familiaux des Sabines et, surtout, cette "faute originelle" est présentée comme suffisant à expliquer, voire à absoudre, le manque de moralité des contempo­raines d'Auguste aux spectacles...

 

La mention de Romulus dans l'élégie III,4 des Amours  est pire encore. Il s'agit toujours de l'élégie, que nous avons déjà fréquemment évoquée, où Ovide prêche pour une fidélité librement consentie. Afin de convaincre le mari de renoncer à la pratique de la custodia, notre poète affirme :

 

Rusticus est nimium, quem laedit adultera coniunx,

Et notos mores non satis Vrbis habet,

In qua Martigenae non sunt sine crimine nati

Romulus Iliades Iliadesque Remus.

 

"C'est un bien grossier personnage, celui qui se fâche parce que sa femme a des amants, et il ne connaît pas bien les mœurs de notre Ville. Car les enfants de Mars, Ro­mulus et Rémus fils d'Ilia, c'est bien d'une faute qu'ils sont nés" (v.37-40)

 

Ovide rappelle ici le statut de Vestale de Rhéa Silvia (aussi appelée Ilia), qui lui interdisait normalement les relations avec des hommes ; il est clair qu'il a en tête la version selon la­quelle elle a été séduite par le dieu Mars (non sine crimine, le terme est le même que celui qui se trouve dans la législation augustéenne, laquelle confond adulterium et stuprum, c'est-à-dire le fait d'avoir des relations avec une jeune fille interdite), et non celle selon laquelle elle a été violée par le dieu. Ainsi, loin d'être le symbole de la vertu des origines de Rome, Romulus n'est que le fruit d'un amour coupable et, dans une ville marquée dès avant sa naissance par la débauche, la tentative de remoralisation de l'empereur ne peut à l'évidence s'avérer que vaine, déplacée, illusoire et inappropriée.


 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous voici parvenu au terme de cette étude, certes bien rapide, et qui n'a d'autre ambition -mais c'est déjà énorme- que de donner envie au lecteur, même et surtout s'il connaît mal l'Antiquité, de se plonger dans Ovide.

 

Nous en avons proposé une lecture "politique". Bien sûr, nous n'ignorons pas tout le parti que l'on peut tirer d'une lecture purement littéraire de ses œuvres. Les tra­vaux de nos devanciers sont là pour l'attester. J.-M. Frécaut (L'esprit et l'humour chez Ovide), comme  E. de Saint-Denis ("Le malicieux Ovide", dans Essai sur le rire et le sourire des Latins) avant lui, s'est intéressé aux formes de son esprit et de son humour. A. Sabot (Ovide, poète de l'amour dans ses œuvres de jeunesse) a envisagé le motif de l'amour et de la conquête amoureuse. S. Viarre (Ovide. Essai de lecture poétique) a tra­vaillé sur l'imaginaire ovidien, dont elle a étudié les différentes formes. A. Videau-Delibes (Les Tristes d'Ovide et l'élégie romaine) s'est attachée à relire les Tristes  à la lumière des Amours et de l'Art d'aimer.  Tout récemment enfin, G. Tronchet ("La nuit obscure des Amours : la tradition épique et sa traduction élégiaque") et A. Deremetz ("Visages des genres dans l'élégie ovidienne") ont commenté le métissage de genres et les jeux intertextuels mis en œuvre dans les Amours et l'Art d'aimer.

 

Néanmoins, l'une des questions qui, à  propos d'Ovide, nous a toujours paru la plus intéressante est la suivante : comment, en proposant une vision nouvelle et ludique des rapports entre les hommes et les femmes, en vient-on à se transformer en un oppo­sant virulent du régime en place ?  C'est à un tel questionnement auquel nous avons voulu  convier le lecteur, parce que c'est sans aucun doute celui qui permet le mieux de ressentir l'extraordinaire insolence du poète de Sulmone. Dans La Parole et la beauté. Rhétorique et esthétique dans la tradition occidentale , A. Michel écrivait que "l'élégie possédait un plus grand pouvoir subversif que les autres formes" (p.90). Ce n'est jamais plus vrai qu'avec Ovide. Le comprendre permet de se dégager du jugement trop longtemps porté sur lui, qui n'en faisait qu'un esthète superficiel, amoureux fou du beau langage, mais dépourvu de toute profondeur. C'est aussi lui reconnaître une modernité susceptible de toucher, nous voulons le croire, le plus "Moderne" de nos étudiants...

 

 

 

- Homère, Odyssée, VIII, v.325-342. Trad. V. Bérard, C.U.F.

- Voir notamment F. Dupont, chap. "le corps" de La vie quotidienne du citoyen romain sous la République, Paris, Hachette, 1989.

- Poème  68, v.135-137 : "Lesbie ne se contente pas du seul Catulle ; mais je supporterai les trahisons de ma respectable maî­tresse (d'ailleurs, elles sont rares), afin de ne pas me montrer insupportable, comme les sots".

- "Ovids Liebeskunst und die Ehegesetze des Augustus", Gymnasium, 86, 1979, p.323-352.

- Le Digeste est un recueil de lois romaines.

- Le siècle d'Auguste, op.cit., p.240.

- Trad. F. Villeneuve, C.U.F.

- Paris, Les Belles Lettres, 1982.

Publié dans ovide - art d'aimer

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N
Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il <br /> <br /> décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne <br /> <br /> semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du <br /> <br /> tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. <br /> <br /> Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches <br /> <br /> amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce <br /> <br /> d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute <br /> <br /> désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultât. Le grand <br /> <br /> maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un <br /> <br /> appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il <br /> <br /> poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour <br /> <br /> m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à <br /> <br /> l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après <br /> <br /> l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du <br /> <br /> tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines <br /> <br /> suivants<br /> <br /> Retour de l'être aimé<br /> Retour d'affection en 7jours<br /> réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires<br /> Devenir star<br /> Gagner aux jeux de hasard<br /> Avoir la promotion au travail<br /> Envoûtements<br /> Affaire, crise conjugale<br /> Dés-envoûtement<br /> Protection contre les esprits maléfices<br /> Protection contre les mauvais sorts<br /> Chance au boulot évolution de poste au boulot<br /> Chance en amour<br /> La puissance sexuelle.<br /> agrandir son pénis <br /> Abandon de la cigarette et de l'alcool<br /> <br /> voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur <br /> <br /> whatsapp au 00229 61 79 46 97
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C
je me nomme corine âgée de 32 ans j'habite dans le 59139 wattignies . J'étais en relation avec mon homme il y a de cela 4 ans et tout allait bien entre nous deux puis à cause d'une autre femme il s'est séparé de moi depuis plus de 5 mois . J'avais pris par tout les moyens pour essayer de le récupéré mais hélas ! je n'ai fais que gaspiller mes sous.Mais par la grâce de dieu l'une de mes amies avait eut ce genre de problème et dont elle a eut satisfaction par le biais d'un ... nommé ishaou au premier abord lorsqu'elle m'avait parlé de ce puissant je croyais que c’était encore rien que des gaspillages et pour cela j'avais des doutes et ne savais m'engager ou pas. Mais au fur des jours vu ma situation elle insiste a ce que j'aille faire au moins la connaissance de ce puissant en question et c'est comme cela que je suis heureuse aujourd'hui en vous parlant.c'est à dire mon homme en question était revenu en une durée de 7jours tout en s'excusant et jusqu'à aujourd'hui et me suggéré a ce qu'on se marie le plus tot possible.je ne me plein même pas et nous nous aimons plus d'avantage. La bonne nouvelle est que actuellement je suis même enceinte de 2 mois. Sincèrement je n'arrive pas a y Croire a mes yeux qu'il existe encore des personnes aussi terrible , sérieux et honnête dans ce monde, et il me la ramené, c'est un miracle. Je ne sais pas de quelle magie il est doté mais tout s'est fait en moins d'une semaines.(pour tous vos petit problème de rupture amoureuses ou de divorce ,maladie ,la chance , les problèmes liés a votre personnes d'une manière, les maux de ventre, problème d'enfants, problème de blocage, attirance clientèle, problème du travail ou d'une autres) Vous pouvez le contacter sur: son adresse émail : maitreishaou@hotmail.com ou appelé le directement sur whatsapp numéro téléphone 00229 97 03 76 69 son site internet: www.grand-maitre-ishaou-13.webself.net
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C
<br /> Merci à vous! Quelle gentillesse, quelle analyse intéressante! Rares sont les auteurs à accomplir ce genre de démarche.<br /> <br /> <br />
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